L'écureuil - Paul Fort
Écureuil du printemps, écureuil de l'été, qui domines la terre avec vivacité, que penses-tu là-haut de notre humanité ?
- Les hommes sont des fous qui manquent de gaîté.
Écureuil, queue touffue, doré trésor des bois, ornement de la vie et fleur de la nature, juché sur ton pin vert, dis-nous ce que tu vois ?
- La terre qui poudroie sous des pas qui murmurent.
Écureuil voltigeant, frère du pic bavard, cousin du rossignol, ami de la corneille, dis-nous ce que tu vois par-delà nos brouillards ?
- Des lances, des fusils menacer le soleil.
Écureuil, cul à l'air, cursif et curieux, ébouriffant ton col et gloussant un fin rire, dis-nous ce que tu vois sous la rougeur des cieux ?
- Des soldats, des drapeaux qui traversent l'empire.
Écureuil aux yeux vifs, pétillants, noir et beaux, humant la sève d'or, la pomme entre tes pattes, que vois-tu sur la plaine autour de nos hameaux ?
- Monter le lac de sang des hommes qui se battent.
Écureuil de l'automne, écureuil de l'hiver, qui lances vers l'azur, avec tant de gaîté, ces pommes... que vois- tu ?
-Demain tout comme Hier. Les hommes sont des fous et pour l'éternité.
Par ce texte, L'Écureuil de Paul Fort, le poète retranscrit un dialogue entre lui, et un animal : l'écureuil.
Ce dialogue fait alterner les images contrastées de la nature heureuse, d'une part, et de l'humanité souffrante d'autre part.
L'écureuil nous résume bien ce que la vie peut offrir par moments ...
et comme il est souvent perché sur un arbre, son point de vue est "le mieux placé".
Pour donné un peu de l'égèreté à ce poème sur la condition humaine,
le poète a pris un écureuil (animal d'une grâce et d'une habileté sans pareil)
et souvent d'un aspect joyeux.